Développement de l'enfant en lien avec l'alimentation

Principaux repères 

In utero

LA MISE EN PLACE DES PREMIERS REFLEXES ORAUX

Les compétences alimentaires se développent bien avant la naissance avec la mise en place des premiers réflexes oraux:

La coordination entre la succion et la déglutition commence à être efficiente dès 32-33 semaines d'aménorrhée (vers 8 mois de grossesse) et la coordination avec la respiration vers 37 semaines d'aménorrhée (au début du 9ème mois de grossesse). 

LA PLACE DES SENS

Les sens se développent très tôt avec dans l'ordre : le toucher, l'odorat, le goût, l'audition et enfin, la vue. 

La perception de la position et des mouvements des différentes parties du corps (appelée proprioception) et les sensations en lien avec l'équilibre se développement également précocement.


La naissance prématurée va impacter, à des degrés divers,  le développement de ces compétences.

 De la naissance à 4 mois 

DE LA NAISSANCE A 4 MOIS REVOLUS, DU LAIT UNIQUEMENT!

Jusqu'à la fin du 4ème mois, l’alimentation est exclusivement lactée. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande un allaitement exclusif au sein jusqu’à 6 mois du fait de la composition du lait maternel et de son adaptation au développement du bébé. Si bébé est nourri au biberon, il faudra proposer une préparation pour nourrisson ("lait 1er âge").

En France, les recommandations sont d'introduire une alimentation solide au plus tard à la fin du 6ème mois.

QUELLES QUANTITES PROPOSER ?

L’estomac du bébé est petit :  on prend souvent comme référence la taille d’une cerise à la naissance et celle d’un œuf à 1 mois de vie de l’enfant .

Source : Haute Autorité de Santé, 2024

Les besoins alimentaires d’un point de vue quantitatif évoluent ainsi avec la croissance de l’enfant. 

Au sein comme au biberon, bébé est allaité à la demande même si on indique souvent que, lorsque l'alimentation est proposée au biberon, le temps d’espacement des biberons peut varier de 2h30 à 4h à la naissance, ce qui correspond à 6 à 8 tétées par 24 heures. Les quantités augmentent en fonction du poids de l’enfant. 

Pour déterminer les quantités, on peut utiliser la règle d’Appert :

Poids de bébé en grammes/10 + 250 ml


Mais chaque bébé est différent et  il est  important  d’apprendre à repérer les signaux de faim et de satiété :

Exemples de signes indiquant que le bébé à faim

Exemples de signes indiquant que le bébé est rassasié


ET SI BEBE A UN REFLUX ?

Dans les premiers mois de vie, un reflux gastro-œsophagien (RGO) est souvent présent. Le reflux gastro-œsophagien est la remontée du contenu gastrique dans l'œsophage. Il est physiologique chez le nourrisson c'est-à-dire qu'il est naturellement présent. Des régurgitations sans efforts sont présentes chez 2 nourrissons sur 3 jusqu'à l'âge de 4 mois!

Il n'est donc pas toujours facile de distinguer le RGO normal du RGO pathologique.


Les signes qui doivent alerter 


L’apparition de régurgitations après 6 mois ou une persistance de ces régurgitations après 12 mois évoque un RGO pathologique. Dans tous les cas, seul un avis médical pourra indiquer si un traitement est nécessaire.


ET SUR LE PLAN ORAL ET MOTEUR ?


LA SUCCION


La succion réflexe (ou suckling)  est la première compétence développée par le bébé. Cette succion réflexe est mature à la naissance chez un bébé né à terme sous réserve d'avoir été exercée in utero avec le réflexe de Hooker (voir la rubrique In utero).   

La succion implique deux mouvements principaux : la pression (mouvements de mâchoire de haut en bas) et l'aspiration (mouvements de l'avant vers l'arrière) . 

On distingue la succion non nutritive de la succion nutritive



LES AUTRES REFLEXES


D’autres réflexes sont également présents à la naissance : 

Mais aussi des réflexes de protection tels que :  

A partir de 4 mois révolus : la diversification

La diversification est “l’introduction d'aliments solides chez un enfant allaité ou recevant une préparation pour nourrissons” (ANSES, 2017).  

QUAND COMMENCER LA DIVERSIFICATION ?

L'OMS préconise de poursuivre l’allaitement jusqu’aux 24 mois de l’enfant en parallèle de la diversification alimentaire. En France, le PNNS (Programme National Nutrition Santé) indique que la diversification peut être mise en place dès la fin du 4ème mois du bébé et ne doit pas démarrer au-delà de 6 mois. 

On parle pour cette période de “double stratégie alimentaire” : coexistent en effet à la fois un maintien d’une alimentation au sein (ou au biberon) et le passage à une alimentation à la cuillère (C.Thibault, 2015). 

Cette période est marquée par de nombreux changements pour l’enfant : posture, outils, introduction des solides, rythme, aspects sensoriels. 

POURQUOI ENTRE 4 ET 6 MOIS ?

Pour un enfant né à terme, la diversification ne doit pas être retardée  au-delà de 6 mois car le lait ne couvre plus les besoins nutritionnels. 

De plus, le développement de l'enfant se poursuit avec :

Sur le plan oral et moteur, la succion réflexe laisse progressivement place à une succion volontaire (ou “sucking”), ce qui va permettre au bébé d’exercer un contrôle moteur et, en lien avec une évolution de la posture et du tonus, d’accéder à une alimentation diversifiée et de nouvelles textures. 

Les mouvements de langue qui jusque là allaient d'avant en arrière vont laisser place à des mouvements haut/bas. La fermeture des lèvres s’améliore. Mais du fait d'une succion volontaire encore immature et d'un manque d'activité labiale, cela impacte les premiers essais à la cuillère : les premières semaines, l’enfant repousse les aliments avec la langue. Ce comportement est souvent considéré, à tort, comme un rejet de l’aliment. Une proposition quotidienne de la cuillère permettra au bébé de développer ces nouvelles compétences.

Enfin, le bébé va passer progressivement en position assise ce qui va modifier ses compétences sur le plan de la déglutition.

Pour en savoir plus sur la diversifications alimentaire

LA DIVERSIFICATION MENEE PAR L'ENFANT

Certains parents font le choix de la Diversification Menée par l’Enfant (DME). Cette méthode, d’origine anglo-saxonne (le terme original est “baby-led weaning”), repose sur les principes suivants : dès 6 mois révolus, l’enfant est assis à la table familiale et se voit proposer les mêmes aliments que le reste de la famille avec toutefois une adaptation des textures. L’enfant choisit le ou les aliments qu’il souhaite manger ainsi que les quantités. La cuillère n’est pas proposée pour ce temps de repas. Les textures évoluent avec l’âge et les capacités de mastication et de déglutition de l’enfant (Rapley, 2008). 

6/12 mois 

ENTRE 6 ET 10 MOIS

L'introduction de nouvelles textures permet de développer les capacités d’alimentation orale et notamment la compétence d'enchaînement de mouvements de langue sur les côtés. 

C’est à cette période que la capacité de malaxage (ou munching) se met en place : il s'agit d'une forme de pré mastication qui s'exerce, en alternance, de part et d'autre de la cavité buccale. Le bébé ouvre la bouche de façon anticipée à l’approche de la cuillère et on observe une amélioration du contrôle de la lèvre supérieure, permettant de vider le contenu de la cuillère. Cette nouvelle compétence permettra l’introduction de morceaux fondants que l’enfant vient écraser contre le palais. 

Du point de vue des liquides, le bébé a développé les compétences nécessaires pour boire à la paille. 


En parallèle, le bébé passe par une phase nécessaire d’exploration et de découverte des différentes textures avec les doigts et prend plaisir à porter lui-même en bouche. 


ENTRE 9 ET 12 MOIS

Des mouvements de préhension-morsure sont observés. Les fruits et légumes peuvent être proposés crus en adaptant la taille des morceaux aux capacités de l’enfant. 

La fenêtre d’introduction des aliments texturés ( aliments autres que les purées lisses) est située entre 8 et 10 mois afin de permettre le développement des compétences masticatoires et une meilleure acceptation des aliments.

Il est recommandé de ne pas repousser l'introduction des aliments texturés au delà de 12 mois

Sur le plan moteur, la motricité fine s’améliore avec la possibilité pour bébé  d'attraper des petits morceaux entre le pouce et l’index.

COMMENT SAVOIR QUAND L'ENFANT EST PRET A CHANGER DE TEXTURE ET NE PLUS MANGER UNIQUEMENT DES PUREES LISSES ?


A partir de 12 mois

Cette période est marquée par une plus grande autonomie globale de l’enfant avec la mise en place de la marche, le développement de compétences de préhension plus fines. 

La dissociation de la succion et de la déglutition, amorcée entre 6 et 9 mois, se poursuit au cours de la deuxième année de vie. La cavité buccale s’agrandit et les mouvements de langue sont de plus en plus contrôlés. 

A 1 an, les premières molaires inférieures et supérieures apparaissent puis, dans les mois suivants, les canines et secondes molaires. 

Les compétences de mastication (“chewing”) sont progressivement entraînées. Mais la mise en place d’une mastication mature et fonctionnelle est le résultat d’un long apprentissage . La mastication ne sera complètement mature que vers l’âge de 6 ans. Il est donc nécessaire de continuer à adapter les textures avec, dans un premier temps, des textures fondantes puis progressivement des solides de plus en plus durs. Les quantités seront également adaptées.

Le rythme est désormais à 4 repas par jour : petit-déjeuner, déjeuner, goûter et dîner.

A partir de 12 mois, sauf si l'allaitement maternel se poursuit, le lait proposé à l’enfant est du lait de croissance ou du lait entier (environ 500 ml par jour).  Le lait de croissance est à privilégier car il est enrichi en fer (PNNS). Il est recommandé d’introduire une prise des liquides au verre et un abandon progressif du biberon.

Après 24 mois  

L'enfant partage le repas à la table familiale. Il peut manger à la cuillère et boire au verre. 

Dans le développement global de l'enfant, cette période est marquée le plus souvent par une opposition de l'enfant. Cette opposition peut également impacter l'alimentation : on parle de néophobie alimentaire.


QU'EST-CE QUE LA NEOPHOBIE ALIMENTAIRE ?

La néophobie alimentaire est une opposition de l’enfant face à la présentation de nouveaux aliments.

Cette période, qui fait partie du développement normal de l’enfant,  peut être plus ou moins longue et peut durer jusqu’aux 8 ans de l’enfant. Cette opposition peut également se manifester par le refus d’aliments déjà connus et habituellement consommés.


La néophobie apparaîtrait à un âge où l’enfant gagne en mobilité et autonomie sur le plan alimentaire; ce comportement aurait un effet protecteur contre les risques d’ingestion de produits toxiques ou inconnus. Dans les faits, le refus touche plus particulièrement les légumes, les fruits et la viande mais moins les aliments “plaisir”. 

Le contexte social et les expériences répétées avec l’aliment sont  deux facteurs majeurs à prendre en considération dans l’acceptation des aliments. Ainsi, si la diversification alimentaire s’est déroulée sans difficulté avant 24 mois, cela assure dans la majorité des cas un retour à une alimentation variée une fois cette période d’opposition passée.

Ressources complémentaires (sources externes)

Sur le reflux gastro-oesophagien

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